LES REGIMES

MANGEONS VRAI !

DIABETIQUES, MANGEONS VRAI !

Chercheur en nutrition préventive, Anthony Fardet publie "Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons Vrai". Un essai décapant qui dénonce l’invasion des "faux aliments" et leurs conséquences sur la santé.

Ce livre nous fait découvrir un phénomène mal connu : l'ultra-transformation. Cela consiste à fractionner des ingrédients pour les recombiner et en faire des produits vendus dans le commerce. Ces produits ressemblent donc à des aliments, ont le goût des aliments, mais n'en sont pas. Un assemblage d'ingrédients, qui peut même avoir bonne réputation puisque contenant des fibres, des oméga-3, des vitamines, mais peut avoir des effets négatifs bien plus importants qu'un aliment non dénaturé.

Voilà pourquoi l'obésité, le diabète et les maladies chroniques augmentent, explique Anthony Fardet dans son livre. Voilà pourquoi aussi les conseils nutritionnels, qui se focalisent sur les graisses ou le sucre ou sur des groupes d'aliments font en réalité le jeu de ces faux aliments et sont impuissants à enrayer, voir maintiennent les maladies chroniques.

Anthony Fardet ajoute : "Depuis les débuts de la recherche en nutrition il y a un peu plus de 150 ans, les scientifiques ont eu tendance à ne considérer les aliments que comme une somme de nutriments et/ou de calories, ce qui au final les rendait relativement interchangeables. Or il n’en est rien : l’aliment est plus qu’une somme de nutriments. C’est aussi une matrice qui influence la satiété et la vitesse de libération des nutriments dans le tube digestif, deux paramètres essentiels dans le contrôle du poids et de l’équilibre métabolique".

Il est donc important de comprendre que deux aliments qui ont les mêmes constituants ne se comportent pas de la même manière une fois avalés ?

"Deux aliments de composition nutritionnelle et calorique strictement identique mais avec des matrices différentes (forme, épaisseur, densité…) n’ont pas le même effet sur la santé humaine. Bref, le potentiel "santé" d’un aliment c’est la somme de ses effets "matrice" (aspect qualitatif) et "composition" (aspect quantitatif). C’est ce que j’appelle la vision "holistique (ou globale) de l’aliment" précise Anthony Fardet.

90% des sucres ajoutés que nous consommons, viennent d’aliments ultra-transformés, il est donc nécessaire d'opter pour une approche holistique de l'alimentation si l'on veut lutter contre les maladies chroniques.

Les 3 règles d’or d’une alimentation saine et durable

Aujourd’hui, ce que l’on trouve dans les supermarchés, ce sont surtout des aliments "reconstitués", appelés "ultra-transformés"

"Ces produits ultra-transformés raffinés-fractionnés-recombinés sont plus le fruit d’une vision "réductionniste" de l’aliment ne le considérant que comme une somme de nutriment. En effet si l’aliment n’est qu’une somme de nutriments alors pourquoi ne pas le fractionner ("cracking") en de multiples ingrédients que l’on peut recombiner à foison dans des associations infinies.

Mais c’est grandement oublier le rôle de la synergie d’action des nutriments au sein des aliments naturels, qui est en partie détruite dans ces aliments "reconstitués". Et puis ces aliments recombinés à partir d’ingrédients produits mondialement en très grandes quantités sont très rentables, mais très nocifs pour la santé s’ils sont consommés en trop grande quantité".

Les rayons et magasins bio sont-ils à l’abri de l’ultra-transformation ?

Quel que soit le type de magasin, il est indispensable de contrôler l'étiquettage des produits, A. Fardey indique que : "Non, on y trouve comme ailleurs ces faux aliments. Or en fractionnant-recombinant des aliments naturels bio sous forme de produits ultra-transformés on perd le bénéfice nutritionnel du bio au profit d’aliments peu intéressants pour la santé même si la valeur ajoutée pour l’environnement subsiste. De nombreux produits présentés comme « bons pour la santé », par exemple "sans gluten", "bio", "végan"... ne le sont pas en réalité s’ils sont ultra-transformés !"

Quels sont les effets d’une consommation régulière de ces faux aliments ?

Une telle alimentation augmente significativement les prévalences de surpoids, l'obésité et le diabète de type 2, notamment chez les plus jeunes. Ensuite ces dérégulations métaboliques augmentent le risque d'autres maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires et certains cancers digestifs. Au final donc, on constate très clairement que ces faux aliments sont indirectement la première cause de décès dans les sociétés occidentales, surtout en milieu urbain, paradoxalement loin devant l’alcool et le tabac qui restent deux fléaux importants.

Que faut-il penser des recommandations officielles qui nous disent de manger moins de gras, de sucre, de sel ?

"Elles peuvent porter une certaine valeur en soi, mais qui n’est que partielle, car elles sont basées sur une approche réductionniste de l’alimentation ne considérant les aliments que comme des sommes de nutriments et calories. Pour être efficaces, les recommandations des pouvoir publics devraient se baser sur une approche holistique de l’alimentation, à savoir mettre en avant le degré de transformation des aliments (le seul à faire sens du point de vue santé et nutritionnel), l’effet "matrice" cité plus haut, l’impact sur l’environnement et le bien-être animal ; ce qui n’est absolument pas le cas : on continue à raisonner par nutriment et groupes d’aliments alors que la science montre clairement que ce ne sont pas les nutriments qu’il faut mettre en cause mais les « véhicules » de ces nutriments et leur degré de transformation."

L’étiquetage nutritionnel par couleurs qui vient d’être adopté est-il déjà caduc ?

Le livre d'Anthony Fardey apporte de grandes règles pour manger "vrai".

On peut à coup sûr protéger sa santé et améliorer son espérance de vie, développer le respect des animaux et la protection de l’environnement par des solutions faciles à mettre en œuvre, simples pour être applicable sur toute la planète en respectant les traditions. Si l’on prend le cas de la France, en suivant ces règles on va réduire drastiquement le "trou de la sécurité sociale" en redynamisant la société avec plus d’énergie vitale chez les séniors, diminuer l’élevage intensif des animaux et restaurer un environnement plus propre.

Les industriels peuvent-ils nous proposer de "vrais" aliments ou est-ce incompatible avec ce type de production ?

Les industriels peuvent tout faire. Aujourd’hui ils répondent à la demande, qu’ils ont aussi contribué à créer, il faut bien l’admettre, profitant du faible niveau d’éducation nutritionnelle de la population. Si le grand public commence à changer ses choix alors les industriels suivront… ou mourront ! Ils peuvent très facilement développer des aliments moins transformés, diminuer le nombre d’additifs, etc.

Si on est capable d’envoyer une sonde téléguidée sur la planète Mars alors on devrait sans trop de difficultés pouvoir développer des aliments moins transformés et meilleurs pour la santé. Ce n’est encore et toujours qu’une question de volonté.

P. Rossi

----------------

Références :

Anthony Fardet : "Les faux aliments sont la première cause de décès dans les pays occidentaux"
Interview de Marc Gomez Publié le 12/06/2017 Mis à jour le 13/06/2017

https://www.nutristore.fr/les-fondamentaux/halte-aux-aliments-ultra-transformes-mangeons-vrai-anthony-fardet-767

 

 

 



 

Back to Top